Comment mieux apprendre?
Nous vous proposons ici un compte-rendu de la conférence qui a eu lieu le 10 octobre 2023 à Sophie Barat sur « Comment mieux apprendre ». C’est Soazig Kerzerho, psychologue clinicienne, qui a animée cette soirée.
Tout commence par une question : Que se passe-t-il dans le cerveau quand on apprend ? Cela a ensuite mené la conférencière à aborder des techniques de mémorisation pour arriver enfin à une réflexion sur notre façon d’apprendre.
I. Que se passe-t-il dans le cerveau quand on apprend ?
Pourquoi apprendre à apprendre ?
La courbe de l’oubli (d’après une étude de M. Ebbinghaus) montre que l’information se perd au fil du temps si le cerveau ne cherche pas à la retenir.
Le cerveau est la tour de contrôle du corps. Il reçoit des messages, commande des mouvements, donne des ordres. Il est actif en permanence même pendant le sommeil.
Il ne se repose JAMAIS.
Cet organe est composé de cellules nerveuses, qu’on appelle les NEURONES et qui sont au nombre de 90 milliards. Chacun compte 100 000 synapses. Cela représente donc un nombre ENORME de connexions dans le cerveau !!!
APPRENDRE, c’est CRÉER des CONNEXIONS entre les neurones.
Chaque jour, de nouvelles connexions se créent, de nouveaux sentiers spécialisés de communication se forment.
Ces sentiers se renforcent grâce à la PRATIQUE et à la RÉPÉTITION. Si la fréquentation de certains sentiers diminue, alors ils disparaissent progressivement.
Pour bien fonctionner, le cerveau a des besoins de base :
- Bien manger, bien boire
- Bien dormir
- Faire du sport (évacuer le stress)
Mais attention, d’autres éléments peuvent intervenir…
Les ÉMOTIONS ont un énorme impact sur les apprentissages
Elles peuvent les favoriser ou leur nuire.
Ex : Si on se croit « nul » dans une matière, cela peut suffire à nous faire échouer dans cette matière. Un peu de stress peut être bénéfique, productif mais un stress dépassé peut se révéler source d’épuisement et nuire aux apprentissages.
On apprend aussi en faisant des ERREURS
Après une épreuve, il est recommandé de s’interroger sur ses erreurs.
OUPSOLOGIE : « Oups, j’ai fait une erreur »
Mes erreurs sont-elles liées à
- Une faute d’inattention ?
- aller trop vite, au stress ?
- un problème de compréhension
- une erreur de décision
Il est ainsi important d’analyser ses erreurs.
L’apprentissage n’est pas un long fleuve tranquille.
Il est fait de moments intenses, de moment où il faut s’accrocher, ramer,
de moments où on tombe mais c’est pour mieux se rattraper et consolider ses acquis.
En 1983, Howard Gardner a décrit de nouvelles façons de comprendre l’intelligence en décrivant 8 habiletés différentes :
- la Verbo linguistique
- La Logico-mathématiques
- La visuelle-spatiale
- La kinesthésique
- La musicale
- La Naturaliste
- L’Interpersonnelle (relation aux autres)
- L’Intrapersonnelle (se connaître soi-même)
L’Intelligence n’est pas fixée à la naissance.
Tous les efforts fournis créent des connexions entre les neurones.
Ainsi nous avons besoin de FAIRE DES ERREURS POUR APPRENDRE
Enfin, pour apprendre, il faut gérer son attention
Pour cela, il faut
- Savoir regarder, entendre et ressortir des informations
- Savoir quand engager ou désengager son attention
- Savoir traduire les signaux extérieurs/intérieurs
- Savoir gérer sa mémoire de travail.
Cela nous amène donc tout naturellement à parler de la mémoire.
II. La mémoire
Qu'est-ce que la mémorisation?
Lorsqu’on mémorise, on peut décrire 3 phases :
- Encodage
- Consolidation
- Stockage
En fait, le cerveau active au départ un réseau de neurones. Une trace mnésique est ainsi créée en mémoire à court terme. C’est l’encodage. La trace mnésique peut ensuite être consolidée par des stratégies efficaces et ainsi passer en mémoire à long terme. C’est la consolidation. Cette phase est soutenue par le sommeil. Enfin cette trace est stockée et reste même quand on n’en a plus conscience. Néanmoins, elle perd en précision.
Pour que l’encodage soit profond, il faut
- Se montrer intéressé
- Se sentir capable
- Avoir envie de faire des efforts
- Persévérer
Pour qu’il y ait stockage à long terme, il faut respecter
- Une bonne hygiène de vie
- Et mettre en place des stratégies efficace pour une bonne consolidation.
La récupération nécessite de
- Répéter pour bien consolider.
La mémoire de travail
Lorsqu’on mémorise, la phase d’encodage fait appel à la mémoire de travail.
C’est une mémoire
- à court terme,
- qui se trouve en quantité limitée (elle n’est pas extensible)
- et qui permet de manipuler mentalement (classer, faire des opérations, faire des liens).
Attention à la surcharge cognitive
La charge cognitive INTRINSÈQUE est liée à l’information à mémoriser et à notre connaissance initiale sur le sujet.
La charge cognitive EXTRINSÈQUE est liée à la présentation de l’information et à la clarté du sujet.
L’ensemble nous donne la quantité de mémoire de travail nécessaire à l’apprentissage.
Si la charge est supérieure aux ressources, l’élève se décourage, il se démotive.
Optimiser la mémorisation
Différentes stratégies permettent d’optimiser la mémorisation. Il est possible
- De segmenter les nouveaux apprentissages
- D’étudier des exercices résolus par d’autres puis se mettre peu à peu en situation
- De présenter les éléments séparément avant de les associer.
- De limiter les doubles tâches
- D’utiliser des stratégies de récupération en mémoire pour réactiver la trace mnésique
ATTENTION : RELIRE N’EST PAS APPRENDRE
La relecture fait croire que l’on connait l’information. MAIS c’est un apprentissage superficiel, efficace environ 24h mais pas plus !!
Quelques conseils :
- Favoriser le RAPPEL LIBRE (récupérer des éléments en mémoire sans être contraint de reproduire l’ordre dans lesquels ils ont été présentés).
- Laisser le temps de comprendre et chercher
- Encourager les fiches de révision, les fiches de questions/réponses, les cartes mentales
- Revoir plusieurs fois avec intervalles longs entre deux révisions
- Entrelacer les apprentissages (alterner les matières et y revenir à la fin)
- Laisser le sommeil consolider les acquis entre 2 révisions = Réviser sur plusieurs jours !
Exemple de RAPPEL EN MÉMOIRE
Le jour-même d’un cours, il est recommandé de relire, écrire de mémoire puis corriger,
2 jours plus tard : RÉPÉTER le processus (réapprendre, écrire de mémoire et corriger, … ) et ainsi de suite…
III. Comment apprend-on?
La métacognition consiste à amener les élèves à réfléchir sur « comment » ils apprennent.
Elle rend davantage conscient du fait que la réussite ou l’échec de sa démarche dépend des habiletés cognitives qu’on exploite.
Tout cela nous amène à réflechir à des stratégies de mémorisation :
Pour l’exemple, voici deux dés pour réfléchir à notre façon de penser, d’apprendre avant et après la tâche :
Pour aller plus loin, Mme Kerzerho nous a recommandé sur internet :
le programme Atole : « L’attention, ça s’apprend »
ainsi que les livres suivants :
Fouquet Céline. Les Neurosciences au service de la pédagogie. Édtion Chenelière Éducation
Pour télécharger les documents : cliquez ici